REVALORISATION DES EX-BASSINS de BEGHIN-SAY

Post date: Nov 4, 2016 6:03:04 AM

Avancée technologique ou trompe-œil ?

« BASSINS DE TOUS LES DANGERS »

Dans « la lettre du Maire » de Novembre nous sommes invités dans le cadre d’une enquête publique diligentée par Monsieur Le Préfet de Seine et Marne à prendre connaissance des pièces du dossier déposées par « TERZEO » filiale de la société « CLAMENS » en vue d’exploiter une plate-forme de tri et de valorisation de terres de terrassement issues de terres dangereuses.

Avant toute chose, nous devons clarifier notre position sur ce dossier. Il est vrai que dans notre programme figurait en bonne place un projet économique et technique de cette nature. Des mois se sont écoulés et dans ce laps de temps les contours de la structure ont été profondément remaniés.

A l’origine, la durée de l’exploitation était fixée à 15 ans, elle passe à 30 ans. Ne devaient être stockés que des remblais neutres et dépollués. Désormais, la législation imposerait à l’exploitant la prise en compte d’un certain nombre de mètres cubes de terres inertes polluées. Seul point positif dans cette nouvelle présentation, le volume annuel de terre à traiter divisé par plus de moitié. Reste que les produits de nettoyage utilisés se révèlent dangereux et perdureront sur le site. Autre élément important, le sarcophage actuel reste propriété de Beghin Say par conséquent la décontamination des déchets (cyanure) ne sera pas prise en compte par le repreneur du site.

Comme nous allons tenter de vous le démontrer au travers de ce cours exposé, de nombreux points d’interrogations subsistent, si ce ne sont des craintes, en dépit des rapports d’expertises se voulant rassurants et minimisant les risques.

Ce nouvel opuscule a été présenté par trois dirigeants de CLAMENS/TERZEO aux membres du Conseil Municipal le 19 octobre. Nous nous devons objectivement de dire que, face à la complexité technique et au survol qui en avait été fait, l’un nos collègues de l’opposition Fréderic Naigeon a démontré de solides connaissances en ce domaine. Soulignons au passage les interventions pertinentes de deux élus du groupe majoritaire.

Pour notre part, nous avons parcouru le rapport de la Direction Régionale et interdépartementale de l’Environnement et de l’Energie appelée à formuler son avis quant à la création de ladite plate-forme. (Dossier consultable sur internet par le lien ci-joint : http://www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/AVIS_AE_-_Ste_TERZEO_-_Approvisionnements_en_Granulats_sur_Chantiers_a_Villenoy_et_Isles-les-Villenoy_77_-_2_Sept-_2016.pdf

En introduction, nous reproduisons la présentation de l’avis de l’autorité environnementale « Le présent avis concerne le projet de création d’une plate-forme de tri et de valorisation de terres de terrassement issues de chantiers de terres polluées associées à une installation de stockage de la fraction minérale non valorisable sous forme d’installation de stockage interne de mono-déchets dangereux »

Nous n’avons nullement la prétention de nous prendre pour des experts mais nous sommes en droit de nous poser quelques questions à la lecture dudit rapport. Si dans son développement tout laisse à penser que toutes les normes environnementales et de santé publique sont respectées, comme il se doit, nous avons cependant débusqué quelques « lièvres »

La conception avancée peut effectivement être perçue comme une avancée technologique puisque, à partir du traitement de terres qualifiées dangereuses inertes nous arrivons à les rentabiliser sous la forme de granulats naturels calibrés destinés à être commercialisés. Objectif : 150 000 tonnes/an.

Dans sa présentation CLAMENS/ TERZEO prévoit la réception maximale annuelle de 200 000 tonnes de terre de chantiers à traiter dont 10 000 tonnes de sédiment et boues de curage. Si ces volumes seront issus des chantiers de l’Ile de France, 15% des apports totaux seront élargis aux départements limitrophes. Quelle aubaine pour nos voisins qui n’auront pas à se creuser la tête pour trouver un site sur leur territoire !

Il nous vient tout naturellement une question à l’esprit : comment s’effectueront leur transport ? Par le réseau routier, telle est la réponse. Quant aux nuisances sonores qui découleront des rotations des Poids-lourds (chiffres avancés 50 véhicules/jour), les relevés effectués sont plus qu’optimismes puisque largement en dessous des seuils critiques. Nous avons relevé une intervention d’un élu très éloquente quant à la crédibilité des courbes produites : en fait, plus il y aura de rotations moins important sera le ressenti. D’après nos interlocuteurs, la perception du bruit, c’est très subjectif. Les riverains apprécieront….

Nous avons également appris (en trois tours, trois mouvements) que le rond-point initialement prévu à hauteur du calvaire avait d’autres alternatives. Soit en utilisant le CD5 à un autre point, soit en changeant sa trajectoire et en exploitant le rond-point des sorties de l’autoroute.

Comprenant nos réticences, nos 3 représentants nous ont avancé que cela dépendrait des autorisations délivrées par l’administration… Allons donc !!… Un projet si bien ficelé dont les alternatives n’ont pas été étudiées au montage, cela tient de la gageure ! On se dédouane comme on peut… Ou alors, pensaient-ils que les petits « moutons » allaient suivre sans rien dire ? ….

Quel sera le tracé retenu ? Le suspense demeure……

Autre point d’inquiétude : les besoins en eau du projet en dehors des consommations courantes de la vie (approvisionnement des bureaux et locaux, lavage des engins). Ceux dévolus à l’activité principale coûteront une consommation approximative de 200 à 220 litres d’eau par tonne de terre entrante soit un maximum de 44 000 m3 par an.

Seront réalisés un bassin de stockage des eaux pluviales et un second pour les eaux de voiries. Jusque là, pas de remarque. Ce qui suit ne peut que nous interpeler. Une alimentation complémentaire sera exécutée par le biais d’un forage d’un débit maximum journalier de 10m3/h sur 12 heures/jour et 21 jours par mois. En cas de périodes de sécheresse prolongées et répétées d’une année sur l’autre, les bassins et la nappe étant à leur plus bas niveau, nous n’osons pas une seconde envisager le pire …..

Comme indiqué en préambule, on nous dit que tous risques semblent écartés …. Pour vous en « convaincre », nous vous rapportons ces quelques lignes « le risque de pollution du sol et du sous-sol sera évité ». Nous voilà enfin vraiment « rassurés », s’ils le disent …...

Certes, nous n’avons pas les connaissances des experts en ce domaine cela ne nous empêche pas de nous pencher sur les divers traitements qui seront utilisés. Nous en avons extrait l’un d’entre eux; le traitement physico-chimique des déchets qui consiste à les transformer par des méthodes utilisant des réactions chimiques ou par des procédés physiques de séparation. Sont-ils aussi anodins qu’on le laisse entendre, alors que le lait de chaux, la lessive de soude figureront entre autres dans les produits utilisés ? Bien évidemment, des mesures, des moyens seront mis en place. Mais dans la durée, après la cessation de l’activité, qu’en en adviendra-t-il de tous ces polluants enfouis ?

Nous avons déjà un exemple sous nos fenêtres. Cette information nous la détenons d’un des repreneurs du site de l’ex-sucrerie, à savoir que le sarcophage renferme encore à ce jour des mètres cubes de cyanure plus de 10 ans après la fermeture de l’usine. Selon nos « intervenants-maison » les volumes de cyanure et autres composants découlant des différentes phases de traitement n’auraient rien de comparables. Laisserons-nous un héritage aussi calamiteux à nos descendants, sommes-nous prêts à en endosser la responsabilité ?

Une petite dernière. L’installation de stockage interne de mono-déchets dangereux (ce qui restera après traitement : déchets toxiques + argile) présentera une capacité totale de 644 260 m3 (soit 1 030 800 tonnes, ouah !!). A raison de 40 000 tonnes/an d’apports maximum. Ah ! Quand même….

La superficie globale est d’environ 71 000 m2 essentiellement sur le territoire de Villenoy. Durée de vie de cette installation : 30 ans. La hauteur maximale du dôme 75,80 mètres (mesures de la partie enfouie à son sommet) soit un dépassement de 12,80 mètres au-dessus du terrain naturel. Une fois encore, pas de panique, braves gens, tout a été pensé, les zones habitées ne seront pas impactées par ce « monticule » de terre d’autant qu’il sera arboré …. Que demande le peuple ? Quant à sa stabilité dans le temps, la réponse est aux experts….

Pour les amoureux de la faune et de la flore, là aussi tout a été « étudié ». Il faut s’attendre cependant à un dérangement pour l’Œdicnème criard (oiseau pourvu de grandes pattes au plumage couleur terre) et autres espèces fréquentant la friche industrielle. Des mesures seront en principe prises en faveur de la diversification des habitats.

Cependant, le pétitionnaire a déposé une demande de dérogation à l’interdiction de destruction et de perturbation d’espèces protégées et leurs habitats. Là, nous avons du mal à comprendre…..

Nous ne nous attarderons pas plus longtemps sur l’examen complet de ce rapport très technique réservé, on l’a compris, aux professionnels. Pour notre part, la présentation tant par les représentants du groupe CLAMENS/ TERZEO que par le contenu du rapport ne nous ont pas convaincus, loin s’en faut.

Avant de refermer notre revue « Sciences et Vie » nous souhaiterions que vous vous posiez cette simple question: face à la multiplication de ces bassins de traitement de déchets, de terres polluées en Seine et Marne et plus particulièrement au Nord ; en acceptez-vous les orientations? A notre humble avis, peu nombreux sont ceux prêts à y souscrire hormis les personnes qui ont à défendre des intérêts particuliers. Nous ne pouvons pas consentir que notre département finisse par être le dépotoir de l’Ile de France. Que nos responsables départementaux soulignent ses atouts touristiques tout en oubliant de protéger et de préserver tout ce qui en constitue ses charmes n’est pas cohérent. Pourquoi le 77 et non pas les 78 – 91 ? « Betteraviers » rejetez loin de nos terres ces affairistes en col blanc !

Des lors, les membres de notre association rejettent l’implantation de la plate-forme dans son schéma à l’état actuel, estimant que les risques majeurs dans le temps ne sont pas écartés et que les précautions environnementales ne sont pas garanties.

Mais ne nous berçons pas d’illusion, l’affaire est close et la plate-forme ouvrira ses portes, Villenoy subira les nuisances découlant de l’activité sans d’ailleurs de compensations financières. Nous sommes, à notre avis, dans le pire des scenarios : la municipalité actuelle s’étant totalement désintéressée de la question, le projet avance sans elle et se fera sans qu’elle pèse et obtienne les garanties nécessaires, comme les contreparties qu’elle est légitimement en situation de demander.

Là, nous pensons avoir raté quelques épisodes dans les tractations, mais évidemment nous devons faire preuve de mauvais esprit ….